vendredi 5 février 2016

Le retour de Nicolas Sarkozy : quelle crédibilité ?

Autant l'avouer tout de suite, votre serviteur n'en revient pas. 

Oui, il en faut du courage à l'ancien président de la République pour oser se représenter devant les français, surtout au vu du bilan de 2007-2012. Rappelons, en effet, ce qui s'est passé pendant 5 ans : les français ont pris cher, ils ont souffert. Nous avons été assaillis par un déluge de taxe, validé par un gouvernement de "droite" : taxe sur les stock options, surtaxe sur le certificat d'immatriculation, taxe sur les véhicules polluants, taxe sur les complémentaires santé, baisse du 1er euro du seuil de taxation des plus values sur cessions de valeurs mobilières, taxes sur les taxes (TVA sur TIPP), taxe sur les sodas, etc... sans oublier l'incroyable exit taxe, une sorte de Mur de Berlin fiscal, taxer les riches qui partent de France. 


A l'époque, et surtout après Lehman Brothers, Sarkozy nous disait :

  • on ne va pas abandonner le "modèle social" français
  • je ne me lève pas le matin en me demandant ce qu'aurait dit Hayek
Bref, Sarkozy, en bon socialiste de droite (1), avait en tête bien plus le catéchisme étatiste que les méthodes de Margaret Thatcher. 

Depuis, Sarkozy est parti, et nous avons pire : toujours plus d'Etat, de lois, de dépense payée à crédit (et donc de déficits et de dette). Rien de surprenant à cela. Pourquoi ? Parce que tant qu'on ne remet pas en cause le périmètre de l'Etat, alors il faut bien financer toutes ces dépenses, et donc il faut bien taxer, ou emprunter pour payer les services publics et les fonctionnaires. Dont acte. 

Aujourd'hui, alors que Hollande a fait la démonstration de son incompétence, Sarkozy tente un retour au niveau des idées, dans les médias. Cela a commencé par la publication de "la France pour la vie". 


On pensait que celui qui faisait son jogging avec un tshirt "NYPD" (!) avait ses rêves orientés vers les Etats Unis, mais bon, passons. 

Cela s'est poursuivi avec la participation à l'émission Des Paroles et des Actes. Et là, force est de constater que celui qui ne rendait même pas hommage au statut de l'auto entrepreneur dans son livre, a choisi de défendre, comme François Fillon, sur le plan économique, des mesures qu'il n'a pas appliqué pendant 5 ans, mais qui vont plutôt dans le bon sens (2) : 
  • contre-choc fiscal de 25 milliards d’euros
  • baisse de 10 % de l’impôt sur le revenu
  • suppression de l’ISF
  • baisses de charges pour les entreprises
  • programme d’économies de 100 milliards d'euros
  • retour du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite étendue aux collectivités locales
  • augmentation du temps de travail dans la fonction publique
  • recul de l’âge légal de départ à la retraite
  • dégressivité des allocations chômage votées « dès l’été 2017 »
  • programme de privatisation affecté au désendettement
  • arrêt des régimes spéciaux de retraite


Ce sont des bonnes idées pour la plupart. Quel dommage qu'elles n'aient pas été mises en oeuvre entre 2007 et 2012, comme la suppression de l'ISF ou celle des 35 heures.

Mais, le vrai problème, c'est, comme le note l'Opinion, il y a un problème de méthode.





Economie : pourquoi Nicolas Sarkozy se trompe... par Lopinionfr



Passons sur le fait qu'un contre-choc de 25 milliards, ce n'est pas assez. Passons aussi qu'il n'est pas très logique de promettre des baisses de charges sans affirmer que le corollaire, c'est la fin de la protection sociale telle que les français, y compris à droite, l'entendent. 

Le problème, c'est que Nicolas Sarkozy tente d'attirer la droite et les libéraux par effet d'affichage. Les médias comme la Croix ne tombent-ils pas déjà dans le panneau d'un Sarkozy qui serait un libéral (3) ? On en rirait presque, car désolé d'affirmer que, pour les libéraux, le compte n'y est pas du tout. 

La question, certes, est de baisser les impôts puisque la France est déjà à un niveau record. Mais le préalable doit d'abord être une question philosophique, et non pas fiscale. 
Où est la réflexion sur le rôle de l'Etat ? Où est l'analyse de la nécessité de recentrer l'Etat sur ses seules missions régaliennes ? Où est l'étude de l'articulation entre la possibilité de gérer au niveau fédéral européen les missions régaliennes de l'Etat et de déléguer à des régions redevenues des patries d'autres missions de service public ? Pourquoi devrait-il y avoir le même modèle, imposé par un ministère, en Bretagne, en Provence, en Savoie, en Corse ou en Flandres ? 

L'autre souci avec Nicolas Sarkozy est sa crédibilité. On avait déjà vu sa capacité à changer d'avis comme de chemise, notamment avec l'affaire du mariage pour tous. Sur le plan économique, quand bien même les idées de Sarkozy iraient dans le bon sens : qui a envie de le croire (4) ? 

Nous n'avons pas oublié 2007-2012, un quinquennat de légitimation du socialisme et du dirigisme.










Egalement publié sur Contrepoints




(3) La Croix Nicolas Sarkozy repart à l’offensive 5 février 2016
(4) Nathalie MP Le cas Sarko : pas aimé, pas voulu, et pourtant bouge encore 5 février 2016

5 commentaires:

  1. Salut Parisien,
    Je ne suis pas surpris par ton billet :-)
    Deux autres points de vue : celui de Jeff, ici :
    http://www.perdre-la-raison.com/2016/02/du-sang-et-des-larmes-projet-sarkozy.html
    et le mien :
    http://heresie.hautetfort.com/archive/2016/02/08/sarkozy-du-sang-et-des-larmes-vraiment-5757399.html
    Il y a un avis que je partage avec toi, c'est qu'il faudrait par réfléchir en effet au périmètre d'intervention de l'État et, je n'osais l'écrire, mais j'y pense aussi, à celui de la région, en pensant, pourquoi pas, qu'il pourrait varier d'une région à l'autre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Jai lu l'avis de A perdre la raison, l'Héré.

      Je suis assez d'accord avec son commentaire "

      Sauf à transformer notre modèle social radicalement et à modifier voire restreindre les missions de la fonction publique il est illusoire de penser qu'il est possible de supprimer d'un trait de plume 100 milliards de dépenses car ces dépenses correspondent bien à des besoins."

      Il oublie juste de dire que ces dépenses sont pour le moment payées à crédit.

      Supprimer
    2. Oh la vache me voici en accord avec un libéral :-)

      Pour le reste notre pays vit à crédit depuis de longues années et personnellement je ne vois pas bien comment il serait possible de réduire la dette de manière significative car avec 2000 milliards d'encours ça me parait injouable.

      Quand au déficit public il y a certainement "des gisements" de réduction de déficit à explorer mais dans l'organisation actuelle et passée de notre pays j'ai du mal à imaginer là aussi une refonte totale du fonctionnement de l'Etat et de ses missions, j'inclus aussi les collectivités territoriales qui avec les vagues de décentralisation en ont eu pour leur compte me semble t-il.

      bref voilà un beau débat qui peut être intéressant à avoir et ce quelque soit le positionnement politique de chacun.

      Supprimer
  2. tiens, rions aussi un peu avec Sarkozy

    https://www.youtube.com/watch?v=_bTyK0nAD1I

    RépondreSupprimer