lundi 15 avril 2013

Le débat sur la salle de shoot du Xeme arr

Hier, Serge Federbusch (Parti des Libertés), élu local du Xeme arrondissement, a organisé une votation populaire, tout seul, comme un grand, sur un sujet qui intéresse les habitants du quartier. Grave erreur ! En République Normale et Socialiste, seuls les ministres ont le droit d'avoir une opinion. 


On est donc pas surpris par la réflexion de Rémi Féraud, le maire socialiste de l'arrondissement, qui pense qu'il s'agit d'une opération de communication de l'UMP et non pas une initiative citoyenne. Comme si l'UMP pouvait perdre du temps à se pencher sur des problèmes locaux. Passons.

Les habitants ont massivement dit non à la salle de shoot vers la Gare du Nord. Ont-ils raison ? Oui, et non. 
Evidemment, dans le contexte actuel et au vu de la sociologie des drogués, personne n'a envie d'avoir une salle de shoot en bas de chez lui. Cependant, est ce qu'une salle de shoot est quelque chose de si stupide que ça ? 

Dans un monde idéal, il n'y aurait pas de drogue, et tout ce qui va avec (les maladies liées aux horribles conditions sanitaires dans lesquelles les toxicomanes vivent, la petite délinquance qui permet de se procurer de l'argent liquide, les fraudes à la sécurité sociale etc). Mais nous sommes dans le monde réel, et on sait aussi qu'il ne sert à rien de lutter contre la toxicomanie. Pourquoi ? A cause de la caractéristique même de l'offre et de la demande de drogue. Pour la plupart des produits, quand leur prix augmente (trop), les gens cherchent des alternatives : trouver un produit de remplacement, moins cher, ou ne plus consommer le produit. Mais quand il s'agit de biens soit vitaux soit de luxe, les choses, tout le monde le sait, ne marchent pas comme ça. Quand le prix de l'eau ou celui des sacs Vuitton augmentent, les gens ne consomment pas moins d'eau ou de sacs Vuitton, ils mettent le prix et se privent d'autres choses.

Pour la drogue, c'est pareil. La police aura beau saisir autant de kilos de drogue qu'elle veut, faire des filatures, surveiller des trafiquants, mettre des gens sur écoute, faire des perquisitions, envoyer des gens en prison, si le client final, le toxico, a décidé de sniffer/se piquer/fumer, alors il y aura juste un dealer qui fournira un produit plus cher que si la police n'avait rien fait. En matière de drogue, la morale classique (pro répression) s'oppose à la réalité. La question que chacun devrait se poser est : étant donné qu'il y a des drogués, est ce qu'il faut minimiser le coût pour la collectivité (donc dépénaliser) et renvoyer les drogués à leurs propres choix, ou bien est-ce qu'il faut sauver les apparences morales, au prix d'un coût démentiel pour chacun de nous ? 

Ceci étant dit, les socialistes n'ont absolument pas l'intention de dépénaliser quoi que ce soit. Valls veille, quand il n'est pas occupé à déloger des Roms (source le Monde), à nettoyer de ses SDF les rues du XIeme arr proche du domicile de son épouse (source Europe 1 le Lab) ou à fuir la Manif pour Tous (source le Parisien). La lutte contre le trafic de drogue est une priorité du gouvernement, comme elle fut celle du précédent, et sera celle du suivant. Il y a donc une contradiction majeure à vouloir ouvrir une salle de shoot dans un quartier déjà connu pour ses trafics tout en poursuivant par ailleurs une politique de répression, sauf pour les directeurs de cabinet (source Corriere del Veneto ou 24h Actu), les ambassadeurs (source Europe 1 le Lab) et autres élites.
Soit on libéralise et on met chacun face à ses responsabilités, soit on maintient le statu quo. En l'absence de vraies perspectives de libéralisations des salles de shoot dans le VIIeme ou le VIIIeme arrondissement, les habitants du Xeme ont été rationnels en refusant une salle de shoot près de chez eux.

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