mardi 26 juillet 2011

"Nos" entreprises

L'expression "nos" entreprises n'est-elle pas de celles qui vous agace ? On l'entend à la fois chez
  •  Manuel Valls ("Et ma proposition de "TVA-protection" vise à doper notre compétitivité et à protéger nos emplois industriels"),
  • les internautes comme Marco29 sur France Soir ("Enfin avec leurs énormes capitaux les Chinois vont bientôt acheter nos entreprises pour les piller et les désosser".),
  • Marie-Ségolène Royal (le qualitatif de la relation humaine, ou la plus-value humaine qu’apporte un bon management ou un bon respect des hommes et des femmes qui sont dans l’entreprise, est très rarement enseigné aux ingénieurs et aux futurs dirigeants de nos entreprises)
  • à l'UMP aussi, on parle de nos entreprises !
etc.

S'il s'agissait d'un raccourci employé pour désigner les entreprises à coté de chez nous, on pourrait à la rigueur en admettre son usage. Mais il se trouve que dans la tête de ceux qui l'emploient; nos entreprises veut bien dire nos entreprises, et non pas "les boites du coin".

Du coup, sur le plan politique, on se retrouve avec des inepties du genre "empécher les délocalisations", "plafonner les rémunérations", "sauver les banques en difficulté" et autres "plans Marshall pour les PME". Ce faisant, on oublie que  l'entrepreneur, c'est juste un homme ou une femme qui a mis du temps et de l'argent dans un business qui s'il marche, tant mieux, et s'il ne marche pas, tant pis. Ceci est vrai de quasiment toutes les sociétés, y compris celles du sevice service public. Les GDF, SNCF, Air France et autres RATP ont été crée par des entrepreneurs, un jour, avant d'être nationalisées.

"On" objectera que les entreprises utilisent des salariés qui se sont formés grace à l'argent public, bénéficient des routes, de la sécurité et du cadre juridique. Sur les 3 derniers items, qui sont typiquement des "biens publics" au sens "économique du terme (encore qu'une route soit privatisable), on rappelera simplement que l'Impot sur le Bénéfice est justement la pour payer les services publics. Quand à la formation des salariés, en admettant que
  • il y a zero travailleurs immigrés non qualifiés ou hyper qualifiés en France
  • tout le monde a bénéficié d'une formation publique en France (malgré le succès du privé secondaire ou supérieur)
  • les gens formés en France en ont eu pour leur argent (malgré les 10% d'illetrés)
C'est justement pour cela qu'il faut être cohérent, et individualiser les parcours scolaires, voire les privatiser également.

Du coup, on comprend bien ce qu'implique le "nos entreprises". C'est bien la volonté d'instaurer ce système de capitalisme socialisé, ou communisme de marché, dans lequel on socialise les pertes et on privatise les bénéfices, le tout  au profit d'une oligarchie fermée.

Pour laisser se développer des entreprises comme Apple, Microsoft mais aussi, comme le note Contrepoints, l'usine de mats d'éoliennes qu'Enercon GmbH implante à Longueil-Sainte-Marie ou l'unité de production de Magna International à Henriville, pas besoin d'un Ministère du Plan et du Patriotisme Economique, juste de la liberté du respect du droit de propriété.

NOS entreprises ? Non. Les entreprises appartiennent à des gens qui en détiennent les titres de propriété, tout comme la maison du voisin n'est pas notre maison mais sa maison.

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