vendredi 10 juin 2011

Mediterrannée & Moyen Orient : de bons miroirs de nos contradictions

Tripoli, Naplouse, Antalya, Tanger ou Athènes, c'est loin de Paris, c'est clair. Pourtant, ce qui se passe sur les deux rives de la Mediterrannée nous concerne tous. C'était au moins la bonne intuition du candidat Sarkozy. En plus, ca tombe bien, en France, le Président "préside" et s'occupe du domaine reservé, dont les affaires étrangères, pendant que le Premier Ministre est censé s'occuper des limitations de vitesse sur autoroute, des inondations dans la Sarthe ou des sens uniques dans le 7eme arr.
Seulement, au bout de 4 ans et quelques, même la, le bilan n'est pas fameux.

Commençons par le Royaume d'Arabie Saoudite. De grands amis du Président de la République : il y est allé 3 fois (contre zero au Luxembourg, officiellement en visite d'Etat en tout cas) .
Or, aux amis, on peut tout dire, il parait. Qu'attend t-on pour demander la libération de Manal al-Sharif ?



Est-il normal, en 2011, qu'une femme ne puisse pas conduire sa propre voiture ? Il faut dire à nos "amis" wahhabites qu'une telle position n'est plus réaliste.

De toutes façons, il y a d'autres français qui ne sont pas trop fans de l'Arabie Saoudite. Prenons le Padre, le Père Benoît Jullien de Pommerol. Certes, l'aummonier du 2eme REP de Calvi n'est pas exactement un grand
démocrate, et certainement pas un libéral. Il n'empèche que les questions qu'il pose sont réelles. Est-il vrai, cher gouvernement français, que les soldats français qui posent le pied chez nos amis Saoudiens doivent se débarasser de l'eventuelle croix qu'ils porteraient autour du cou ? Qu'ils sont interdits de nourriture prohibée par l'islam ?

On comprend mieux la vision du gouvernement et d'une partie de l'UMP sur la religion : une terre, un culte ? Ce faisant, on accepte de tomber dans le piège de certains musulmans qui lient nationalité et réligion, à rebours de la tradition Européenne pour laquelle la religion est une affaire privée, et l'Etat de droit, une question de principe.  Les soldats français au Moyen Orient, ce sont juste des travailleurs qui vont faire un boulot temporaire dans un autre pays. Aussi bien il est logique qu'en France, il y a ait des musulmans français ou étrangers, autant il devrait être logique qu'il y ait, en Afghanistan ou au Qatar ou ailleurs, des Afghans, des Qataris ou des étrangers, musulmans, chrétiens, juifs ou autres. Ca ne change rien à leurs capacités professionnelles qui, pour les militaires, consistent notamment à tuer au bon moment le bon ennemi en fonction de tel ou tel objectif "stratégique".

Du coup, on se demande alors comment on en est arrivé à bombarder notre ami Khadafi. C'est vrai, qu'après tout, nous ne savions pas que pour le leader Lybien, la démocratie restait un concept. Pendant que nos amis Suisses essayaient de libérer leurs otages, nous, on essayait de vendre des Rafales.

La diplomatie des droits de l'homme est possible. Certes, elle impose des choix difficiles, qui ne consisterait par exemple à n'acheter que du pétrole norvégien, par exemple. Mais elle aurait le mérite de la cohérence, et permettrait d'être vraiment respectueux des droits et libertés ici chez nous également, en plus de servir d'exemple pour les populations qui vivent dans des pays non démocratiques. Comment pourrions nous aider les dissidents syriens ou iraniens dans leur combat, si cacher son adresse IP est illégal chez nous ? Il n'y aurait pas de raison que les gouvernements autoritaires ne s'appuient pas sur nos propres pratiques anti démocratiques pour justifier leur controle accru des populations. 

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