samedi 12 février 2011

La révolution Wikileaks ne fait que commencer

Les opposants aux projets de Julian Assange s'inquiètent des risques que Wikileaks fait peser sur le coté obscur des Etats. Pourtant, la révolution de la transparence ne fait vraiment que commencer. Il sera de plus en plus difficile de pouvoir choisir entre être connecté ou non, d'opter out et d'avoir le choix entre se soumettre ou vivre libres.

Quelques exemples tirés de l'actualité :

- Nous sommes en train de changer la nature de la correspondance, puisque l'email, qui n'était déjà plus vraiment privé (cf l'affaire Bourreau-Guggenheim/Panafieu/Hadopi) est en train de disparaitre, tant du fait des pratiques de la génération Y, qui ne l'utilise plus, que du fait de la stratégies des entreprises, qui veulent remplacer le reply all et le cc par un nuage permanent d'information. Mais désormais, chacun sera donc tenu d'être toujours au courant, donc toujours connecté. Les utilisateurs forcés de Blackberry d'entreprises ont une idée de ce que ca veut dire. (NB : certes, la Douane avait déjà tous les droits).

- les tech days de Microsoft promettent l'extension du cloud computing et du net embedded à l'ensemble des objets, qui deviennent communiquants. Or, si des fabriquants nous promettent une brosse à dent qui réalise un mini check up tous les matins, nous serons fatalement amenés à stocker et comparer ces bilans d'une période sur l'autre, voire à les communiquer à notre médecin de manière volontaire ou à notre assureur de manière suggerée. Ca tombe bien, Google développe un service de gestion de votre dossier médical.

- les photos du type Paris-26-Gigapixel ou l'inaugural speech d'Obama captent le moindre visage pour l'éternité. On ne mettra plus des années à retrouver la photo prouvant qu'un tel a bien assisté à tel événement, surtout si la reconnaissance faciale automatique de Facebook se charge de suggérer l'archivage même si vous n'êtes pas sur Facebook.

L'actuel Président de la République Française en mesure déjà les effets de cette transparence forcée. Le locataire de l'Elysée est connu pour ses propos triviaux voire vulgaires tenus envers des agriculteurs ou des pécheurs. Son prédécesseur François Mitterrand aurait il survécu à l'ère de Google, YouTube et Dailymotion ? Comment aurait-il caché Mazarine Pingeot ? 


Les autocrates d'Egypte ou de Tunisie ont survécu tant que la vraie opinion des ambassadeurs Etats-Uniens sur ces régimes et leur état de corruption n'était pas connue du grand public. 
On peut donc penser que tout ceci est plutot positif. Pourtant, il ne s'en faudrait que très peu pour que nous basculions vers 1984, vraiment. 

On pourrait très bien se diriger vers un monde certes technologique mais également très centralisé, où seul le sommet de la pyramide aurait une vue exhaustive sur toute l'information. La possibilité que l'administration Etats Unis se reserve le droit de déconnecter son pays du réseau Internet avec le Internet Kill Switch en dit long. 
Déjà, ici et maintenant, 4 millions de franciliens vivent dans le zoo numérique le plus abouti de tous les temps, gràce à Jean-Paul Huchon, président socialiste du Conseil Régional, qui a adopté le Pass Navigo RFID en dépit de l'avis consultatif négatif de la CNIL. 

Cela fait un moment que les libertariens préviennent que l'Etat est en permanence un dictateur potentiel, et pas seulement en Egypte ou en Iran, mais chez nous aussi, et aux Etats Unis également. C'est bien pour cela que la Constitution doit strictement limiter et le pouvoir et les possibilités d'extension de pouvoir de l'Etat. Bref s'en tenir au maximum à un Etat concentré sur des missions régaliennes, séverement limitées.  

Alors oui, esperons que la révolution Wikileaks ne fasse que commencer, car elle est le corrolaire nécessaire des formidables potentialités liberticides que la technologie donne à quelques uns. Surveillons les surveillants !

Au niveau politique, commencons par les députés et leur vote http://www.mon-depute.fr/ et celui de leurs collègues Européens http://www.votewatch.eu/.


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