mercredi 14 avril 2010

Peugeot Moissy-Cramayel : une bonne leçon pour les amateurs de politique industrielle

D'après le Parisien de ce matin, le groupe PSA Peugeot est sur le point de fermer son site de Moissy-Cramayel.

Un coup dur pour la région de Melun Sénart (400 emplois en jeu), moins pour les habitants de Melun à qui PSA proposera sans doute d'autres solutions en Ile de France (Aulnay sous Bois, la Garenne, Poissy).

Licenciement boursier ? Même pas, PSA étant la pire action du CAC 40 ce matin.


Mais surtout, cette annonce cristallise vraiment l'échec de la politique qui consiste à subventionner la production d'un secteur, c'est à dire, concrètement, à taxer les uns pour financer la consommation des autres de maniere forcée.

Le gouvernement a accordé un pret de 3 milliards d'euros en février 2009, notamment pour "soutenir en particulier son programme de développement de véhicules plus propres, plus économes en énergie et abordables pour ses clients", en échange de la garantie de ne pas fermer d'usine en France.

Triple injustice

1. Les contribuables n'ont pas été consultés
2. La France se complait dans les distorsions de concurrence, et ce grâce à une Europe bonne fille depuis quelques semestres. La concurrence dirigée et faussée ...
3. La France finance PSA et Renault au lieu de financer des constructeurs en création ou émergeants.

Comment se fait-il que Guy Negre soit obligé d'aller au Luxembourg pour se développer ? Il semble pourtant que sa technologie, à air comprimé, soit ultra innovante mais ait rencontré quelques difficultés chez nous, si on en croit ses propos.
Quid de Venturi ?
Quid des très nombreuses PME œuvrant comme sous-traitants et qui se voient mettre la pression ?

PSA, en jouant sur la différence objective du point de vue légal qui existe entre une usine et un centre de logistique, fait un beau pied de nez (à 3 milliards d'euros) au gouvernement, s'ils parviennent au bout du projet qui consiste a fermer leur installation de Melun.
Le gouvernement a multiplié les déclarations incongrues au sujet de l'automobile, ce secteur industriel sérieux et concret, du type "Lorsqu'une voiture française est destinée à être vendue en France, elle doit être produite en France". Pour rendre le plan de soutien a l'automobile plus efficace, le gouvernement a oublié de :

- nationaliser PSA (avec 5,1 milliards de capitalisation boursière, le principal obstacle est finalement la volonté, libre ou non, de la famille Peugeot, de vendre)
- interdire la vente de Audi, BMW, Dacia, Fiat, Honda, Mercedes, Porsche, Toyota ou Volkswagen en France
- interdire l'importation des 207 et C3 Picasso produites a Trnava (Slovaquie), des C4 Picasso et Xsara produite à Vigo (Galice, Espagne) ou des 207 produites à Madrid
- dénoncer les règlements européens sur les appels d'offre du secteur public, de manière à rééquiper l'armée, la police, la gendarmerie et l'administration en Peugeot, Citroën ou Renault uniquement.
- demander à Toyota et à Mercedes Smart de reprendre leurs usines en France
- et, finalement, de reprendre le slogan de l'extrême gauche anti libérale, "Interdiction des licenciements + massif plan d'embauche de fonctionnaires".

En attendant, le gouvernement met de l'argent dans l'auto, pas dans les routes.

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