jeudi 29 avril 2010

Grèce : questions et réponses

Les agences de rating sont-elles des pompiers pyromanes ?

Depuis le début de la crise financière de 2008, les agences de rating (principalement Moody's, Standard & Poor's et Fitch, sont accusées de réagir toujours a contre temps. Etant donné que les agences de notation établissement leurs analyses sur des informations publiques, il ne saurait en être autrement, d'autant plus que si les gouvernements mentent a Eurostat (public, officiel) et a leurs partenaires européens, on voit mal comment les agences de rating pourraient mieux faire. Donc, les agences de rating ne sont pas pompiers, leur rôle n'est pas d'éteindre les incendies, ni pyromanes, leur intérêt n'est pas, a priori, de voir la Grèce ou tout autre pays couler. Les agences de rating sont UNE source d'information parmi d'autres. En France, on a la Coface Risque Pays, personne ne remet en cause cet organisme, par exemple.

Pourquoi en sommes nous-la ?

Pour que l'Euro fonctionne (c'est a dire pour que les investisseurs prêtent aux pays de la zone euro a un taux bas), il faut que les pays membres de la zone Euro respectent les critères de convergence et le pacte de stabilité, notamment limiter les déficits publics. Pourquoi ? Pour que les politiques budgétaires soient convergentes et donc cohérentes (à moins qu'on accepte qu'un budget durablement déséquilibré soit financé par une subvention permanente des voisins). L'Euro souffre de la remise en cause du Pacte de Stabilité, en Septembre 2004, par la France et l'Allemagne, eh oui !

Combien doit la Grèce et a qui ?

Graphique : répartition géographique des banques créancières de la Grèce



Source: Natixis, BRI, les Echos.

Le total de la dette est de 224 milliards d'euros, dont 54 pour les banques françaises, soit 10 ans de bénéfices de BNP Paribas, ou encore 850 euros par Français.

Pourquoi la Grèce s'en prend plein la tête et pas la France, l'Irlande ou même les Etats Unis ?

Les préteurs professionnels ne font pas que juger de l'instantané, sinon le Japon ou les USA seraient déjà en faillite. Ils rapportent la dette à la capacité productive. Or l'économie de la Grèce est jugée comme peu compétitive ou peu diversifiée.

A t-on eu raison de créer l'euro ?

L'euro est une excellente idée qui permet : aux entreprises de ne plus gérer dix monnaies différentes pour exporter à 500 kilomètres de chez soi, aux particuliers de voyager de Bruxelles à Athènes et de Lisbonne à Berlin avec la même monnaie. Mais aussi et surtout, conformément à l'idée initiale, l'Euro aide à créer un sentiment commun et une identité Européenne, certes minime mais il faut bien commencer par quelque part, non ? Le problème est que l'agrégation d'autant de pays différent n'est pas une tache simple. Il faut du temps et des efforts.

La Grèce a t-elle profité de l'Euro ?

La Grèce a eu des taux d'intérêts faibles pendant des années, d ailleurs on voit bien que l'explosion actuelle des taux (abusivement qualifiés d'usuriers par certains) se fait sur sur fond de risque de sortie de l'euro. Et des taux faibles, c'est aussi la possibilité pour les gens d'acheter leur logement moins cher.

Les Etats-Unis d'Europe sont-ils un objectif souhaitable ?

Nous sommes très loin des Etats Unis d'Europe. Il n'y a ni diplomatie commune, ni prééminence de l'identité Européenne vis à vis des identités nationales, ni budget européen fédéral. Pour le moment, seules quelques politiques sont communes. Mais les Etats Unis d'Europe sont ils souhaitables ? Oui si le super Etat Européen permet de mettre en commun les fonctions régaliennes (police, justice, armée, diplomatie, monnaie) en faisant des économies par mutualisation et en appliquant le principe de subsidiarité pour tout le reste, au niveau Régions/Lander, mais Non si l'UE dérive vers un modèle type URSS ou les impôts et les lois s'ajoutent aux impôts et aux lois.

L'Europe peut-elle devenir une zone monétaire optimale ?

C'est impossible. La France pré-euro n'était déjà pas une ZMO. Pourquoi ? Parce que non seulement, sur un même territoire, les intérêts s'opposent, mais aussi parce que les territoires n'ont pas les mêmes évolutions les uns par rapport aux autres. Rien qu'en Ile de France, par exemple, si vous êtes propriétaire d'un véhicule, alors vous bénéficiez de l'euro en tant qu'importateur de pétrole (dont le prix serait plus élevé si l'euro était corrélé au dollar), alors que si vous prenez le métro, vous ne pouvez que constater la hausse du prix du ticket de métro proposé par le monopole des transports publics. Du coup, faire une zone monétaire est le choix conscient de populations gagnantes vs sacrifiées. La baisse de l'euro contre le dollar avantage en ce moment les exportateurs (Airbus etc) mais coutera cher aux consommateurs de biens importés.

Quel est le worst case scenario pour la France ?



(Re)-lire Le jour où la France a fait faillite de Philippe Ries et Philippe Jaffré.
On ne peut mieux décrire le pire scenario.







Nos députés doivent-ils voter le bail out de la Grèce ?

Bien sur que non dans une optique puriste, mais pourquoi pas oui si on considère que la France a un peu d'argent à se faire en prêtant à un bon taux (mais est ce bien le rôle de la France que de jouer aux banques, surtout dans un contexte de déficits abyssaux). Surveillez ce que votent vos députés sur http://mondepute.free.fr/ , surtout ceux qui ont critiqué le plan de sauvetage des banques, qui fonctionnait sur le même principe, et suggérez leur que la France rachète la Grèce (ses entreprises, ses iles) tout comme ils ont suggéré que la France achète des actions de banques plutôt que de faire des prêts (avec un taux d'interet de 8%).

Aider la Grèce, c'est aider les banques ?

Oui, et Aurelien Veron l'explique parfaitement sur son blog. On transforme une prophétie auto-réalisatrice en fait réel, sans garantie sur le futur.

Refuser d'aider la Grèce, c'est condamner les Grecs ?

Clairement, non ! Et c'est la que réside l'intérêt numéro un de l'Europe, une zone de libre circulation des hommes et femmes, des marchandises, des capitaux et aussi des idées. Les Grecs sont libres de venir s'installer et travailler partout dans l'UE, y compris en Allemagne ou bien à Paris ou ils contribuent déjà à enrichir la vie culturelle de la capitale Française. Mettre en faillite la Grèce n'affectera que la classe politique Grecque.

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